Perchée à 3650 mètres d’altitude, Lhassa est la « capitale » du Tibet dont le nom signifie « terre des dieux ». Même si cela tend à changer, elle mélange toujours quelques soupçons d’un patrimoine spirituel millénaire et une vie locale qui se voudrait authentique. Dans la réalité, la ville tibétaine devient lentement un musée à ciel ouvert, un lieu que nombreux chinois à la recherche d’une (fausse) authenticité affectionnent. Est-ce pour autant que vous ne devez pas visiter Lhassa ? La ville a quand même de beaux endroits à découvrir et, dans la cadre d’un voyage au Tibet, il serait dommage de passer à côté. Entre monastères bouddhistes, marchés animés et sommets himalayens qui veillent sur la ville, c’est une destination finalement très originale. Dans cet article, on vous emmène découvrir ce qui fait de Lhassa un lieu spécial qui mérite malgré tout le détour.

Lhassa et sa région
Une ville au carrefour de l’histoire
Oui, aujourd’hui, Lhassa est une simple capitale administrative. Malgré tout, elle reste le centre spirituel du bouddhisme tibétain depuis des siècles, un lieu de pèlerinage où convergent encore des fidèles venus de tout le plateau tibétain. La ville s’est développée autour du temple du Jokhang, construit au VIIe siècle, avant de devenir la résidence des dalaï-lamas à partir du XVIIe siècle.
Aujourd’hui, Lhassa se divise en deux visages : la vieille ville tibétaine, avec ses ruelles étroites et ses maisons traditionnelles, et les quartiers modernes chinois qui se sont étendus ces dernières décennies. Cette dualité peut surprendre au premier abord, mais c’est justement ce contraste qui raconte l’histoire complexe de cette région.
Une région montagneuse aux paysages contrastés
La vallée de Lhassa s’étend entre des montagnes qui culminent souvent au-dessus de 5000 mètres. Le climat y est particulier : un soleil éclatant presque toute l’année (plus de 3000 heures d’ensoleillement annuel !), mais des températures qui peuvent chuter rapidement. Les pluies se concentrent principalement entre juin et septembre, souvent la nuit.
Autour de la capitale, le paysage alterne entre vallées cultivées, villages accrochés aux flancs des montagnes et vastes étendues désertiques. Plus vous vous éloignez, plus les lacs d’altitude apparaissent, ces immenses miroirs d’eau salée qui reflètent le ciel tibétain (si cela vous intéresse, un article à leur sujet est disponible ici). C’est un environnement où la nature impose ses règles, et où l’homme s’est adapté, du moins a dû s’adapter, depuis des millénaires.

Conseils pratiques pour préparer votre visite
Comment rejoindre Lhassa ?
Visiter Lhassa demande un peu d’organisation. Impossible d’y aller en mode routard complet : tous les voyageurs étrangers doivent obligatoirement passer par une agence de voyage agréée et obtenir un permis spécial (le Tibet Travel Permit). Quand on vous dit que l’histoire de la situation de la région est complexe…
Pour le trajet en lui-même, vous avez deux options principales. L’avion depuis Chengdu ou d’autres grandes villes chinoises reste le moyen le plus rapide (environ 2h30 de vol). L’aéroport de Lhassa se trouve à une soixantaine de kilomètres de la ville. L’autre option, plus longue mais plus spectaculaire aussi, c’est le train depuis Xining ou Chengdu. Le trajet peut durer plus de 20 heures, mais vous traversez des paysages incroyables et l’acclimatation à l’altitude se fait progressivement. Les wagons sont même équipés d’oxygène supplémentaire ! Si vous avez du temps devant vous, ça peut être une chouette expérience !
Quand partir à Lhassa ?
Il n’y a pas vraiment de mauvaise saison pour visiter Lhassa, mais certaines périodes sont plus agréables que d’autres. Le printemps (avril-mai) et l’automne (septembre-octobre) offrent des températures douces en journée et un ciel généralement dégagé. C’est la période idéale si vous comptez explorer les environs.
L’été (juin-août) correspond à la saison des pluies, mais ne vous imaginez pas sous des trombes d’eau ! Les précipitations tombent surtout la nuit, et les journées restent ensoleillées. C’est aussi la période où la végétation est la plus verte. L’hiver peut être (très) rigoureux avec des températures négatives… S’il y a peut-être une saison à éviter c’est celle-là.
L’altitude : à ne pas prendre à la légère
On ne va pas se mentir, l’altitude à Lhassa se fait sentir. À 3650 mètres, l’oxygène disponible représente environ 60% de ce qu’on respire au niveau de la mer. Les premiers jours, certains ressentent parfois des maux de tête, de l’essoufflement au moindre effort ou des troubles du sommeil. C’est normal, le corps doit s’adapter.
Le secret ? Y aller mollo. Prévoyez vraiment de vous reposer les deux premiers jours, évitez l’alcool, buvez beaucoup d’eau, limitez l’effort… Apportez aussi des vêtements chauds, car les écarts de température entre jour et nuit peuvent être importants.
Quelques aspects pratiques
Pour circuler dans Lhassa, les taxis sont abordables et pratiques, surtout avec vos bagages. Vous pouvez aussi louer un vélo ou simplement marcher dans les quartiers centraux. La vieille ville se découvre vraiment mieux à pied, de toute façon.
Côté nourriture, vous trouverez de tout à Lhassa : restaurants tibétains traditionnels, cuisine chinoise, et même quelques adresses proposant des plats occidentaux. Goûtez absolument les momos (raviolis tibétains), les nouilles en bouillon, et pourquoi pas le fameux thé au beurre de yak (attention, ce n’est pas du tout sucré et ça surprend au début !). La viande de yak se décline sous toutes les formes et c’est vraiment bon.

Que voir à Lhassa et dans ses environs
Lhassa : les incontournables de la ville sacrée
Le Palais du Potala
Impossible de le rater : ce palais-forteresse de 13 étages domine toute la ville depuis la colline de Marpari. Ancienne résidence d’hiver des dalaï-lamas, c’est le monument emblématique du Tibet, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le palais se compose du Palais Blanc (logements, administration) et du Palais Rouge (chapelles, tombeaux des dalaï-lamas).
La visite se fait à sens unique et en temps limité (environ une heure), avec de nombreux escaliers à gravir. Prenez votre temps, rappelez-vous qu’on est à plus de 3600 mètres ! L’architecture intérieure est impressionnante, avec ses chapelles richement décorées, ses statues dorées et ses peintures murales anciennes. Par contre, notez que les photos sont interdites à l’intérieur.

Le Temple du Jokhang
Si le Potala impressionne par sa taille, le Jokhang touche plus par son atmosphère. C’est un lieu saint du bouddhisme tibétain, construit au VIIe siècle pour abriter une statue précieuse du Bouddha. Dès l’aube, des centaines de pèlerins viennent y faire leurs prosternations, tourner les moulins à prières, et déposer des offrandes.
L’ambiance y est intense, chargée de spiritualité. Vous verrez des fidèles se prosterner devant l’entrée, parfois pendant des heures. À l’intérieur, l’odeur du beurre de yak (utilisé pour alimenter les lampes) imprègne chaque recoin. Les chapelles se succèdent, sombres et mystérieuses, éclairées par des milliers de lampes à beurre. Vous pouvez également monter sur le toit pour une vue dégagée sur les toits dorés et le Potala au loin.

Le circuit du Barkhor
Autour du Jokhang s’étend le Barkhor, un chemin que les pèlerins parcourent dans le sens des aiguilles d’une montre. C’est un peu le cœur battant de la vieille ville tibétaine. Marchands ambulants, étals de souvenirs, bijouteries, restaurants traditionnels… Le Barkhor est un marché permanent et coloré… mais aussi un peu attrape-touristes.
Si vous dormez sur place, faites-y un tour le soir : quand les lampes s’allument et que la foule se fait plus dense, l’ambiance est vraiment particulière.

Les monastères de Sera et Drepung
À quelques kilomètres du centre, les monastères de Sera et Drepung méritent vraiment le détour. Drepung fut jadis le plus grand monastère du monde, abritant jusqu’à 10000 moines. Aujourd’hui, ils sont moins nombreux, mais l’endroit reste impressionnant avec ses bâtiments blancs échelonnés sur le flanc de la montagne.
Sera est surtout connu pour les débats philosophiques des moines qui ont lieu l’après-midi dans la cour principale. C’est un spectacle fascinant : les moines s’affrontent verbalement sur des questions de doctrine bouddhiste, avec des gestes théâtraux et des claquements de mains.

Aux environs de Lhassa : lacs sacrés et monastères perchés
Les lacs de Namtso & Yamdrok
À environ 250 kilomètres au nord de Lhassa (comptez 4 à 5 heures de route quand même), le lac Namtso vous attend à 4718 mètres d’altitude. C’est l’un des lacs salés les plus hauts du monde, et clairement l’une des plus belles excursions depuis Lhassa. L’eau, d’un bleu profond, contraste avec les montagnes enneigées qui l’entourent et le ciel d’un bleu intense.
Le lac est sacré pour les bouddhistes tibétains, qui viennent y faire des pèlerinages, notamment l’année du mouton (tous les douze ans). Sur place, vous pouvez marcher le long des rives, visiter le petit monastère de Tashi Dor construit sur une presqu’île, ou simplement vous asseoir et contempler le paysage.
Plus proche que Namtso (environ 100 kilomètres au sud-ouest), le lac Yamdrok est accessible en une journée depuis Lhassa. C’est un autre lac sacré, reconnaissable à sa forme déchiquetée qui serpente entre les montagnes. Les Tibétains croient que si ses eaux s’assèchent un jour, le Tibet disparaîtra.
La route pour y accéder franchit le col de Kamba La à plus de 4700 mètres, d’où vous aurez une vue plongeante sur le lac. Par temps clair, les couleurs sont incroyables : le turquoise de l’eau, le brun des montagnes arides, le blanc des glaciers au loin, et ces drapeaux de prières qui claquent au vent. Vous croiserez probablement des yaks paissant tranquillement au bord de la route…

Le monastère de Ganden
Perché à 4300 mètres d’altitude sur le flanc de la montagne Wangbur, à 45 kilomètres à l’est de Lhassa, Ganden est l’un des trois grands monastères de l’école Gelugpa (avec Sera et Drepung). Fondé au XVe siècle, il a été partiellement détruit pendant la Révolution culturelle, puis reconstruit.
L’intérêt de Ganden ne réside pas seulement dans ses temples et chapelles, mais aussi dans sa situation spectaculaire et les possibilités de randonnée autour. Plusieurs circuits permettent de faire le tour du monastère en suivant le parcours des pèlerins, avec des vues panoramiques sur la vallée de Kyichu et les montagnes environnantes. Si vous vous sentez en forme et bien acclimaté, c’est une excellente façon de combiner culture et nature.

Les vallées de Tsurphu et Yangpachen
Un peu plus confidentielles, les vallées au nord-ouest de Lhassa offrent une autre facette du Tibet. Tsurphu abrite un monastère important de l’école Karma Kagyu, dans un cadre montagneux paisible. Yangpachen est surtout connue pour ses sources chaudes géothermales, où vous pourrez vous baigner en plein air avec vue sur les sommets (un luxe bienvenu après plusieurs jours de visite !).
Ces régions sont moins fréquentées que les sites principaux, ce qui permet de ressentir davantage l’atmosphère rurale du Tibet. Vous croiserez des villages traditionnels, des troupeaux de yaks, et des paysages minéraux à perte de vue. Si votre planning le permet, ces excursions apportent une vraie respiration à votre séjour.

Finalement est-ce que visiter Lhassa vaut le coup ? Comme vous avez pu le voir dans cet article, la ville de Lhassa en elle-même peut semblait assez aseptisée, tel un musée à ciel ouvert. Pourtant, elle serait dommage de passer à côté de la « capitale » tibétaine et de la région alentour. Entre patrimoine, spiritualité et paysages grandioses, il nous semble que Lhassa et tout ce qui l’entoure vaut quand même le détour.
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